le mercredi 7 mai 2025 - Made in France, responsabilité et éthique

Un cartable à 9€, livré en 48h.
À ce prix-là, tout le monde sait que c’est impossible. Impossible de rémunérer correctement la personne qui l’a cousu. Impossible de choisir des matériaux de qualité. Impossible de respecter l’environnement.
Et pourtant, ces cartables inondent le marché, portés par des plateformes comme Temu ou Shein, qui misent sur le volume, la pub agressive, et des prix cassés. Le pire ? Ces modèles séduisent, même quand on sait qu’ils ne dureront pas plus d’un trimestre.
C’est pour réguler ce système que la loi anti-fast fashion a été proposée. Sur le papier, elle est ambitieuse. Mais sous la pression des géants du textile jetable, beaucoup de ses mesures ont été vidées de leur substance. On parle d’écologie, mais on continue à fermer les yeux sur les vraies causes du problème.
De mon côté, je propose l’inverse. Un cartable solide, réparable, cousu à Marseille avec des matières responsables.
Ce n’est pas un caprice, c’est un engagement.
Dans cet article, je décrypte le mécanisme : pourquoi on achète vite, pourquoi on culpabilise, et comment on peut faire autrement, sans culpabiliser ni culpabiliser les autres.
Loi anti-fast fashion : pourquoi je soutiens pleinement une mesure législative
Depuis la création de la marque, j'ai fait le choix de m'opposer à la logique de surconsommation en proposant des produits durables, fabriqués en France à partir de matériaux responsables.
Mais ce type de production à un coût financier (je précise « financier » car le coût de l’impact écologique et social est un coût dont on ne parle pas alors qu’il devrait, à mon sens être considéré dans le prix de vente d’un produit.)
Je vais développer ici mon propos pour être bien comprise
Je soutiens pleinement le besoin de légiférer. La loi anti fast fashion vient renforcer les valeurs que je défends : une production respectueuse des gens et de l'environnement.
Concrètement, c’est quoi l’objectif de la loi sur la fast fashion ?
Freiner l’impact écologique et social des marques de mode ultra bon marché, souvent issues de plateformes comme Shein ou Temu.
Pourquoi est-ce nécessaire de légiférer ? : L’exemple de Mon Petit Cartable
- Lorsque je vends un cartable à 64€ à un écolier Français, l’impact écologique de cet achat est faible. Fabriqué dans mon atelier avec un tissu à 100% recyclé, le cartable sera posté de France à France et sera utilisé pendant 3 ans de maternelle.
- Lorsque le même client achète un cartable sur Temu à 5€. Le cartable est fabriqué avec des matériaux issus du plastique à 100% (polyester = plastique). Dans des conditions de travail qui ne seraient pas acceptées en France. Avec des frais de port gratuits, le sac est livré en France en 5 jours, dans des avions spécialement affrétés par TEMU.
Développons ces 3 points d'impact qui sont loin d’être anodins
La matière première :
Nous avons déjà produit une telle quantité de produit textile dans le monde que nous pourrions nous habiller et nous équiper avec pendant des milliers d’année.
La production textile à bas coût au détriment des ressources de notre planète, vêtement en plastique ou en coton, s’ils sont jetés, c’est de la pollution à produire, et de la pollution à ne pas les recycler. L’équation est plus que simple.
Les conditions de travail :
Faut-il rappeler le scandale des ouigours ? Faut-il rappeler le scandale des ateliers insalubres et dangereusement mortel du Rana Plaza ?
Lisons le témoignage des ouvriers du textile à l'autre bout du monde. On ne dira pas que l'on ne savais pas.
Le transport
Le cartable TEMU arrive en avion, (nous connaissons l’impact des week-end à l'autre bout du monde, identifions aussi l’impact du sac qui vient du bout du monde !
Pourquoi ces arguments pourtant éthiques ne suffisent-ils pas ?
J’aimerais que tout le monde puisse avoir ces conséquences en tête. Lorsque l’on parle d’achat local, les détracteurs moquent l’achat militant, on parle d’élitisme, d’avoir les moyens d’acheter au prix fort, on parle de pouvoir d’achat de bobos. Oui je le comprends mais comment faire alors ?
La législation peut, je l’espère mettre un frein a des pratiques sans scrupule d’exploitation mais aussi, je l’espère à une prise de conscience.
Nous parlons de l’acte d’achat. Mais parle t’on du produit acheté ?
Parlons du petit écolier qui a un sac à dos TEMU sur le dos !
La boucle infernale, Versus --> l’amour de l’objet
Le sac a dos TEMU arrive finalement chez le petit écolier, le produit est finalement assez solide ! Mais vous en voudrez un autre l’année prochaine, et aussi un autre l’année d’encore après c’est le principe de la fast fashion.
Des articles sécurisé, Versus --> l’absence de scrupules
Le cartable Mon Petit Cartable, soumis aux lois de protection du consommateur Français utilise des matières premières certifiées OEKO TEX 100 ce qui signifie qu’il n’y a pas de produits nocifs pour votre enfant dans sa composition. (Concrètement, si votre enfant mâchonne un bout de son sac, ce n’est pas grave. Personnellement je ne laisserais pas mes enfant mâchouiller un cartable dont la composition du tissu n’a été validé par aucun organisme de protection du consommateur.
L’Europe, dont la France fait partie impose un certain nombre de règles de confection pour la sécurité des utilisateurs (les clients mais aussi les fabricants).Aussi le cartable Français est garanti non nocif pour votre enfant, mais aussi pour moi, qui l’ai fabriqué, sans respirer de solvants ou de particules bizarres.
Même les enfants les plus accros à la consommation sont dotés d’empathie
Sachez que pour le sac TEMU vendu a 5€ frais de transport inclus, il y a très peu de chance que la personne qui l’ai fabriqué ait été payée. (De nombreux articles et fait divers nous informent su ce sujet sur lequel nous ne pouvons plus fermer les yeux.)
Travailler 7j sur 7. 75h par semaine pour un salaire qui n’assure pas la survie d’une mère avec ses enfants. Est-ce ce monde que l’on souhaite offrir à nos enfants ?
Lisez les articles ! Je suis atterrée de voir les revendications avortées d’ouvrières du textile, demander une semaine de … 60h ! au lieu de 75h ! Demander des congés payés !
En France, nous travaillons 35h/semaine et nous cautionnons par nos achats les conditions de vie proche de l’esclavage à l’autre bout de notre planète.
Car c’est aussi de cela qu’il s’agit. Ne l’oublions pas. Un cartable à 5€ a été fabriqué avec des matériaux potentiellement dangereux, par des personnes qui vivent exploitées. Et cela au détriment du bon sens écologique.
Le prix le plus bas n’est pas justifié par le fait que les Chinois travaillent plus vite. Non. Le prix du cartable est justifié par le fait que les Chinois ne sont presque pas payé pour leur temps de travail.
Je ne parle là que du temps de fabrication. Je n’aborde pas le temps nécessaire au patronage du cartable en amont, au design du dit cartable. Ce temps-là n’existe plus si l’on copie simplement des modèles existants. Regardez sur TEMU le petit sac à dos kawai à oreille en moumoute, c’est simple, pas moins de 10 usines le fabriquent !
Que pouvons-nous faire en attendant une législation efficace ?
NE PAS CULPABILISER. Retrouver le vrai plaisir
- Acheter comme un acte militant ? oui, pourquoi pas
- Se ruiner pour acheter Français a tout prix ? non, c’est un mythe
- Revisiter sa manière de consommer pour retrouver l’amour des objets bien fait ? : oui je crois que la clef se trouve là
Et je suis certainement très naïve. Mais c’est ce que je m’efforce de faire avec Mon Petit Cartable depuis 2012.C’est ce pour quoi je veux militer : ne pas faire culpabiliser le consommateur, mais aider à retrouver le bon sens de notre consommation, se rappeler TOUJOURS que derrière un objet très très bon marché, il y a un modèle d’exploitation sans vergogne, et, notre planète en surchauffe.
On réajuste sa notion de BESOIN ?
Votre enfant a-t-il vraiment besoin d’un sac pour le week-end, d’un sac pour le sport, d’un sac pour le pic nic, d’un sac pour les pyjama party, d’un sac pour la musique, d’un sac pour…. NON
Un sac, cela se vide, cela se remplit.
UN bon sac, joli, solide, bien fabriqué c’est bien. Et finalement, c’est moins cher que 10 sacs avec un impact écologique et social pourris.
On dit quoi aux enfants quand on dit NON ?
Aborder le sujet de la fast fashion avec les enfants est un terrain glissant. Qui veut leur montrer la misère du monde en leur expliquant que c’est le 3eme sac Pat Patrouille qui créé ce désastre ?
Un enfant est capable de voir que ce n’est pas drôle d’être exploité. C’est très simple, et c’est vieux comme le monde. C’est d’ailleurs raconté dans les contes pour enfants.
Vous avez lu Cendrillon ? Qui veut se faire exploiter, maltraiter quotidiennement par ses belles sœurs ?
Soyez cool, soyez la fée.
Souvent les parents ou les amis veulent faire des cadeaux
Arrêter d’acheter de la m*** tout simplement. Offrez du temps ! Je ne t’offre pas un 5eme sac mais une sortie au cinéma. Je ne t’offre pas un 3eme doudou mais une séance de massage dans la salle de bain ! Je ne t’offre pas un kit a cupcake jetable mais un moment de délire créatif en cuisine avec tes amis. Je ne t’offre pas une 4eme tablette tactile mais une randonnée en famille. Je ne t’offre pas une troisième manteau mais un cours de couture avec ta grand-mère !
Nous avons plus de ressources que notre porte-monnaie ne nous laisse croire
Nous pouvons faire pas mal de choses, en tant que consommateur MAIS une loi encadrant serait assez aidante non ?
Le projet initial, voté par l’assemblée en mars 2024 est expliqué ici.
Beaucoup de frustrations sont évoquées en ce moment par le passage en mars 2025 de cette fameuse loi anti fast fashion.
Pourquoi est-ce si dur de légiférer contre la fast fashion ?
En effet à ce jour, le passage de la proposition de loi a entraîné un affaiblissement significatif des mesures initialement prévues pour encadrer la fast fashion. Les associations appellent à une réintégration des dispositions supprimées afin de garantir une régulation efficace de ce secteur aux impacts environnementaux et sociaux considérables.
Frustrations exprimées par les associations et acteurs engagés
- Influence des lobbies : Les associations dénoncent une pression intense des grandes enseignes de fast fashion, notamment Shein, qui aurait recruté d'anciens responsables politiques pour influencer le processus législatif.
- Retard dans l'examen du texte : Malgré son adoption à l'Assemblée, la proposition de loi n'a pas été inscrite à l'ordre du jour du Sénat pendant plus d'un an, suscitant des inquiétudes sur la volonté politique réelle de faire avancer le texte.
- Absence de sanctions claires : Le retrait des pénalités basées sur l'affichage environnemental est perçu comme un recul majeur, laissant les pratiques polluantes sans véritable encadrement.
C’est dommage c’était l’occasion de sensibiliser facilemement les consommateurs (un nutriscore « E » pour le nutella c’est simple a comprendre). Un éthic score « E » ce serait assez clair aussi non ?
Merci de m'avoir lue jusque là.
